Dossier Technique :
De l’intérêt du « lâcher prise », ou « comment mener une démarche d’ampleur dans un délai réduit ? »
Petit rappel : Produire chaque chantier en toute sécurité est une démarche de toute la branche Infra qui fait suite aux accidents mortels du travail de Mars 2012. Dans un contexte d’augmentation très forte du volume des travaux sur le réseau, il fallait d’urgence « sécuriser » la production. Pierre Izard, Directeur Général de SNCF Infra, a ainsi décidé, à l’issue de tables rondes avec les représentations syndicales en Mai 2012 de lancer une démarche collaborative et participative « Produire chaque chantier en toute sécurité » en s’inspirant de la démarche engagée par Air France après le dramatique accident du Rio Paris ….
En quoi les défis de la démarche nécessitaient-ils une approche managériale spécifique ?
Il faut d’abord souligner l’ampleur de la démarche. La plupart des 35000 agents de l’Infra étaient concernés, tous les opérateurs, les chefs d’équipe, les DPX, l’encadrement des Etablissements, les fonctions de projet, les directeurs d’opération délégués, les chefs de projet à l’ingénierie, les services techniques en central, dans les territoires, ou dans les centres d’ingénierie et d’autres encore ; mais pas seulement… Les personnels de la Direction de la Circulation Ferroviaire, les acteurs des achats, tous ceux également, de façon générale, qui font circuler des trains, RFF bien entendu, les entreprises de travaux forcément, les ingénieries ferroviaires et j’en passe, contribuent de près ou de loin à la sécurité des chantiers et nécessitaient d’être impliqués.
Autre élément de défi : le nombre de dysfonctionnements, racontés par les uns et les autres, sur toute la chaîne des travaux de maintenance et d’investissement, de la conception à la réalisation en passant par des processus transverses comme la formation.
Cette ampleur a vite conduit à la conclusion qu’il fallait associer toutes les parties concernées et mener une démarche participative.
L’augmentation des travaux a déjà démarré et va encore s’amplifier dans les prochaines années. Par conséquent, la volonté était d’aller vite pour améliorer concrètement et rapidement la sécurité des chantiers. Ainsi, dès juin 2012, la démarche Produire
chaque chantier en toute sécurité avait pour objectif d’organiser un premier rassemblement dès janvier 2013, soit à peine plus de 6 mois plus tard, pour faire un état des lieux et dresser des perspectives d’amélioration à engager pour la sécurité des chantiers.
Et c’est bien là que se présente le défi majeur d’une telle démarche : c’est de réussir à associer autant d’acteurs, sur des processus aussi variés que la conception, la planification, la programmation opérationnelle, la mise en oeuvre de la sécurité, la définition des missions des uns et des autres, la formation et le maintien des compétences au sein de SNCF Infra, dans des délais extrêmement courts. Cela implique une réflexion variée, approfondie, avec un nombre d’acteurs considérables, donc des retours de réflexions gigantesques à traiter, puis à synthétiser, à discuter ensuite avec les responsables pour les traduire enfin en plan d’action concrets. Pour réussir le défi de l’ampleur, le travail de réflexion a, en premier lieu, été réparti. Un groupe projet a été constitué, rassemblant des responsables et des experts des principales thématiques de travail. On a désigné des correspondants nationaux au moment des groupes de travail, identifié des pilotes intermédiaires sur certains sujets puis affecté chaque action à un responsable.
Pour réussir le défi de la rapidité, on a travaillé sur l’efficacité et l’économie de temps. On a ainsi défini une méthode de construction progressive, avec des formats de réflexion qui permettaient une intégration rapide et efficace des remontées. On l’a fait au moment des questionnaires, au moment des groupes de travail, Infra et DCF comme avec les partenaires (RFF et entreprises de travaux notamment).
Mais il a fallu aussi, presque surtout, réduire les échelons d’analyse et de décision pour accélérer le temps de la prise de décision. Accélérer la décision quand on accélère en même temps le temps de l’analyse est assez contre-intuitif dans une entreprise comme la SNCF où la culture de la sécurité a souvent conduit à chercher à maîtriser tous les risques, et par là-même à ralentir la mise en mouvement ainsi que l’allure des transformations. Paradoxalement cette démarche visant à améliorer la sécurité a rompu avec ces codes.
La clé de l’analyse et la prise de décision accélérées a été : le « lâcher prise ».
Extrait d’article. Le lien vers l’article complet se trouve ci-après
Repris dans le Bulletin N° 284 de Juillet-Aout 2013, vous trouverez ci-après le lien vers le dossier complet.
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