La fin de la Créosote

La fin de la Créosote

Préambule : Dans le bulletin de l’ACTIF N°293  de janvier-février 2018, la conclusion de l’article concernant l’EIV de Quercy-Corrèze, site de Bretenoux évoquait la recherche d’un produit de substitution de la créosote pour 2025, nous y voilà ! Pour retrouver cet article, scannez le QR code ci-contre.

Un peu d’histoire ... 

Le mot créosote vient de l'allemand « Kreosot », formé à partir de deux mots grecs : « kréas », la chair, la viande, et « sôzein », qui sauve, qui protège.

Au départ, la créosote a été utilisée en 1875 par Antoine Béchamp, qui mit en évidence les propriétés pour conserver la viande. En même temps, dès 1865, la Compagnie de l’Est, dans le souci de protéger le platelage bois de sa voie, a recours au principe du créosotage des traverses en bois. En 1878, lorsque la Revue générale des chemins de fer (RGCF) est créée, elle publie de nombreux travaux sur la créosote qui se généralise sur les voies ferrées.

Au fait, la créosote c’est quoi ?

C’est un goudron destiné à imprégner le bois pour le rendre résistant aux moisissures et aux insectes.

La créosote moderne est un mélange d'huiles lourdes provenant de la distillation, entre 200° et 355°, du goudron de houille. Il existe plusieurs types de créosotes, selon la température de la distillation, avec des teneurs différentes en éléments volatiles : en particulier, une teneur moindre en naphtalène (à l’origine de l’odeur du produit) caractérise la créosote de type C, laquelle engendre moins de nuisances, moins de toxicité que celle de type B, voire A.

C’est pour cette raison que l’établissement Industriel de Quercy-Corrèze, site de Bretenoux, a substitué la créosote de type C au type B depuis plusieurs années, alors que d’autres industriels du bois n’avaient pas franchi le pas. Par ailleurs, en même temps que le passage à la créosote de type C, l’établissement de Bretenoux a investi 8 millions d’euros en 2015 pour mettre le site de traverses SNCF en conformité (création de quatre hangars et deux bassins).

La créosote, chronique d’une mort annoncée, dès 2018

Sa composition à base d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) la rend cancérogène, persistante, très toxique pour l'environnement et bioaccumulable. Bien que de nombreuses précautions soient prises au niveau de la fabrication et de l’imprégnation des traverses créosotées, la créosote n'en reste pas moins un produit agressif pour la santé. A partir de 2003, l’Europe annonce que l’utilisation de la créosote par le grand public est interdite, de plus elle arrête que tous les produits créosotés déposés deviennent  des « déchets dangereux ». Si les traverses de chemin de fer sont épargnées par cette législation d’interdiction de 2003, en revanche elles sont considérées comme un « déchet dangereux » lorsqu’elles sont déposées, ce qui engendre un coût important de traitement. La SNCF retirant environ 100.000 tonnes de traverses chaque année, on comprend très vite que les sommes en jeu sont colossales (environ 7€ par traverse pour leur évacuation dans une filière spécialisée).

A partir de 2010,  l’Europe impose aux réseaux ferrés Européens de réfléchir à un produit de substitution. Face aux lobbying du monde industriel des hydrocarbures, face à la pression de l’emploi et de la filière bois, et face à la réorganisation des réseaux ferrés Européens dans le cadre de l’ouverture à la concurrence, la créosote n’est pas un sujet prioritaire. 

En application de nouvelles directives Européennes, le 18 décembre 2018, le ministère de la Transition écologique et solidaire publie un arrêté relatif à l’interdiction d’utiliser le bois traité à la créosote. Cet arrêté est entré en vigueur le 23 avril 2019. A partir de cette date, seules les traverses en bois des chemins de fer de la SNCF utilisent encore la créosote, car peu exposées à la population étant donné que la déambulation sur les voies est interdite.

 

Ainsi, à compter du 11 janvier 2019, un arrêté est paru au Journal Officiel interdisant la mise sur le marché de la créosote, hormis pour les traverses de chemin de fer, avec une limite fixée jusqu’en 2022, finalement repoussée par l’Europe en 2025, et dernièrement 2029.

Recherche d’une alternative

Avec l’appui de la start-up Durwood, sous la direction du département Développement Durable à la Direction Générale Industrielle et Ingénierie (DGII) et de l’établissement Industriel de Quercy Corrèze appartenant à la Direction Supply Chain SNCF Réseau, la recherche d’alternative à la créosote a démarré dès 2016.

Suite à une première étude de 36 produits, trois produits à base d’huile cuivrée ont été retenus, considérés comme les plus prometteurs, puis 15 expérimentations, sous des climats différents, ont été réalisées aux 4 coins du RFN sur 15 000 traverses bois en voie. En plus de ces expérimentations en voie, l’essai s’est également déroulé en chambre servant à simuler les conditions climatiques.

Sur les différents tests réalisés, aucun impact sur la qualité des sols lié au relargage de cuivre par les traverses traitées n’a été constaté. En tout, cette étude aura duré 5 ans, et couté 4 M€, cependant l’objectif est atteint, le produit de substitution trouvé, le TANASOTE S40 ® est efficace contre les champignons destructeurs du bois (pourriture cubique, pourriture fibreuse et pourriture molle),les insectes à larves xylophages (Hylotrupes bajulus) et les termites (Reticulitermes).

v6s_savoirplus Repris dans le Bulletin N° 302 de Janvier-Février 2023, vous trouverez ci-après le lien vers le dossier complet. fleche_0033  Dossier complet au format PDF

sur le fil twitter @ACTIF_SNCF.


Cet article fait partie de la série d’articles techniques ou dossiers importants extraits des archives du Bulletin National qui vous sont proposés dans notre blogothèque réservée aux membres de l’ACTIF.

Si vous ne possédez pas ADOBE Reader logiciel permettant la lecture des fichiers PDF, veuillez le télécharger sur le site d'ADOBE.

Partager :